« Je ne veux pas. Ça ne sert à rien, je n’y arrive pas ! » S’exclamait-il dans une position très défensive. Il n’aimait pas lorsque l’on parlait de son incapacité à utiliser son don. Mais ce n’était pas de sa faute s’il n’y arrivait pas. Il essayait mais n’avait jamais réussi. S’il prenait vraiment de l’altitude, il pouvait planer mais n’arrivait pas à les faire battre comme il faut pour que le vent passe au-dessous d’elles et lui permette de voler. Alors maintenant, il n’essayait plus. Il était très bien sur ses deux pieds et ne demandaient pas mieux. Son majordome insistait pourtant, doucement, en respectant sa place mais glissait des mots pour l’encourager à recommencer. C’est en tombant qu’on apprend à marcher. Mais il n’avait pas envie de tomber de haut lui pour apprendre à voler. « Cesse donc, j’ai dit que je ne voulais pas. Sers moi un thé au lieu de mettre en jeu ta place ici. » Dit-il d’une voix plus sombre et froide. Il s’installait mieux sur son canapé et montait le son de la télévision sans pour autant s’intéresser à la rediffusion d’un vieux film policier. Lorsque son majordome lui tendit sa tasse, il la prit sans le regarder même s’il hochait la tête pour le remercier. Il savait que de ne pas voler lorsque l’on possédait des ailes était stupide et sans intérêt. Comme de donner des jambes à un serpent qui ne fait que ramper. Observant ses ailes un instant, il les fit se redresser tour à tour pour les regarder. D’un blanc imparable, elles étaient vraiment belles.

Dans un soupire, il se redressait, posant sa tasse vide sur la table pour ensuite se redresser, ayant envie de sortir prendre l’air. Il n’aimait que peu l’enfermement, ayant l’impression d’être un oiseau en cage. Gardant simplement son t-shirt noir où deux trous avaient été fait pour que ses ailes puissent sortir, il partit, à pied dans la rue. Il n’avait pas honte, c’était la preuve qu’il était un supérieur et non un simple humain. Ses pensées perdues dans les nuages, il laissait ses pas le guider à travers la ville. Il repensait à son enfance, un goût amer dans la bouche. C’est en y repensant tout le temps qu’il entretenait ce besoin de vengeance et cette puissante haine. Son regard se voilait légèrement alors qu’il parvenait à pied jusqu’au parc. Il s’installait sur un banc, l’esprit lointain. Ce fut le sifflement mélodieux d’un oiseau qui le fit relever les yeux. L’oiseau chantait sur un arbre non loin de lui. Il aimait beaucoup leurs musiques qui l’apaisaient considérablement. Le jeune homme aux cheveux bleus observait l’oiseau s’envoler, ne pouvant s’empêcher d’essayer d’imiter le mouvement sans y parvenir. Dans un léger soupire, il se redressait pour repartir, continuant de marcher dans le parc. En voyant un bâtiment, pas trop haut, il eut une idée stupide qu’il s’était pourtant interdite de faire. Pourtant, avant de s’être fait la morale, il était déjà en train de grimper dessus. La hauteur était assez conséquente mais s’il y arrivait, il n’aurait pas de problème. Bougeant légèrement ses ailes, il préféra tout de suite sauter pour ne pas se défiler. Cependant, il n’eut aucun instinct qui lui disait de battre des ailes. Alors il tomba dans un cri silencieux. La chute d’un ange. Ridicule. S’attendant à une chute douloureuse, il n’eut pas si mal que cela, à son grand soulagement. « J’aurais pu tomber sur une voiture ! » Dit-il, la respiration haletante sans s’apercevoir qu’il n’était pas assis sur un quelconque objet. A moins qu’un objet puisse respirer et bouger. Crap.