La flamme effleura sa cigarette. Il faisait déjà nuit depuis un moment, mais Quinn n'arrivait pas à dormir. Il n'arrivait pas à se faire à l'idée d'avoir été évincé de sa propre vie. Qu'est-ce qu'il foutait là ? Pourquoi avait-il accepté ce marcher vaguement improbable, franchement injuste dans sa soi-disant clémence. Qu'est-ce qu'il foutait ici, bordel ? Il avait envie de hurler. De casser toutes les vitres de cet établissement pour anormaux. Qu'est-ce que c'était que ce putain de compromis ? Qu'on l'enferme ici ou dans une prison, l'objectif était le même. Il aurait dû débuter ses études à Cambridge et pas sur une île paumée et inconnue. Il n'arrivait pas à accepter. Comment aurait-il pu accepter ? Depuis quand c'était sa faute ? Il sentit les larmes sur ses joues. Il les effaça rageusement. Il ne voulait pas cela. Il ne voulait pas être faible. Il ne le serait jamais. Plus jamais.




Il ne comprenait pas. Ce qui arrivait quand Fawst n'était pas avec lui. Il ne pouvait pas expliquer pourquoi ses habits se déchiraient d'eux-même. Pourquoi il se coupait en passant parfois juste sa main sur son visage. Et là, c'était pire que jusqu'alors. Il devait rentrer chez lui. Trouver Fawst, lui en parler. Pourquoi Fawst ? Parce que c'était le seul à qui il faisait complètement confiance. C'était vraiment trop étrange ce qui arrivait. Il sortit des toilettes d'un pas un peu précipité. Il arriva rapidement aux portes du lycée.

« Quinn ! Attends ! »

Le lycéen tourna la tête. Pas elle. Pas maintenant. Il n'était pas d'humeur à supporter ses jérémiades de folle amoureuse. Il avait d'autres problèmes, d'autres priorités. Vraiment. Ce n'était pas du tout le moment. Il accéléra mais il sentit bientôt une main sur son bras. Elle glissa sur sa main. Il n'eut pas le temps de comprendre que la fille en question criait déjà. Il regarda sa main, y découvrant du sang qui n'était pas le sien. Il sentit la panique monter en lui. Tous les regards s'étaient tournés vers eux. Il essaya de reculer, de partir mais des garçons l'avaient déjà attrapé. La situation lui échappait complètement. Il sentait ses vêtements se déchirer, les coups, le sang sur sa peau, le sien, celui des autres, les cris. Son dos percuta le sol, sa vue se troubla quand ses lunettes tombèrent, son souffle était coupé par la douleur. Brouhaha. Noir. Silence.

Quand il ouvrit les yeux, deux jours s'étaient écoulés. Il y avait son frère. Fawst était là. Il allait le blesser. Il paniqua mais finalement rien ne s'était passé. Alors il se rendormit un peu apaisé.





« Non ! » cria Quinn dans le cabinet de leur avocat. « Non ! Non ! Non ! »

Il était rare qu'il perde son calme, mais là, il ne pouvait pas accepter cela. L'homme en face pâlit un peu, comme apeuré. C'était comme ça depuis des mois. Depuis que son pouvoir était apparu. Il voyait la peur dans tous les regards. Même son père avait peur, son propre père. Il n'y avait que Fawst pour encore réussir à soutenir son regard, le serrer dans ses bras, l'aimer comme il était. C'était insupportable cette situation.

« Vu votre dossier, cet arrangement serait pour vous une aubaine. »risqua l'avocat.

Quinn le fixa froidement, très froidement. Il regrettait presque que Fawst ne soit pas là, il aurait pu frapper ce salopard incapable sans le défigurer.

« Une aubaine ? Vous rigolez j'espère. J'ai été frappé jusqu'à l'inconscience, j'ai dû subir quatre opération pour remettre en place mon sternum, je garderai des séquelles à vie, et je devrai accepter un compris ? Je ne suis pas différent de vos autres clients, et à eux, dans la même situation. Vous êtes un putain de raciste. »déclara-t-il avec une froideur glaciale et glaçante en se penchant au dessus du bureau, faisant reculer l'homme. « De toutes façons, vous vous foutez bien de mon avis, je suis mineur et un monstre de surcroît. Mais sachez que je n'oublierai jamais votre nom, votre visage, et que rien dans votre vie ne sera épargnée quand les gens comme moi s'éveilleront. »

L'albinos se rassit, croisant les jambes, le mépris suintant par tous ses pores. Son père fut le premier à accepter l'arrangement, pour taire l'affaire, pour protéger son fils sans doute, pour éviter les problèmes. Mais cela n'avait-il pas été sa spécialité toute sa vie ? Pour la première fois, Quinn arrêta de croire que leur père n'avait jamais voulu que leur bien. Leur père avait seulement toujours été lâche. Lors du procès, il fut donc convenu qu'une amende serait payé par Quinn MacMahon, mensualisée, et qu'il irait « soigner » son problème dans un institut spécialisé, se soumettant à des contrôles médicaux réguliers, et au port d'un bracelet de localisation pour deux ans. On ne lui laissa pas de choix. Ce jour resta gravé dans sa mémoire et les coups de marteau sur le bois n'évoquait à Quinn que l'injustice et le régime de la Peur.




Un sourire revenait sur les lèvres de Quinn à chaque fois qu'il voyait son poignet nu, même presque un an après la fin de sa peine. Ils avaient cru pouvoir le museler ? Le cloîtrer ? Vraiment ? Mais ne leur a-t-on jamais appris qu'on ne peut pas arrêter la Révolution quand l'étincelle commence à mettre le feu aux poudres ? Mais pire encore, ils l'avait jeté parmi ses semblables, parmi une foule de mutant prête à terroriser la terre entière, il fallait juste attendre le bon moment et trouver les bons mots. La vengeance ne serait pas personnelle, non, ils étaient trop nombreux a avoir été victimes d'injustices, d'insultes, et cela devait cessé. L'albinos avait été des premiers à créer, ou rejoindre comme bon vous semblera un groupuscule mutant Arised. Et ses qualités d'informaticien n'ont pas échappé au groupe, c'est lui qui sécurise leurs données. Avec fierté.