Morgan Strugatsky.
It's useless, but you can run if you want.
evolved.
« - Peter ! C’est quoi le mot de passe ! »
« - Stardust. »I’ll die with you. Once, twice.
Quelle est l’espérance, quel est l’attachement.
C’est puéril. Futile. & pourtant c’est enfouit tout au fond de ta poitrine. Ton cœur se serre à la moindre pensée, t’es es faible et inapte. La mécanique des erreurs s’enclenche, sa mélodie est amère, effrayante et puissante, pourtant l’écho de ta voix est si faible. Tu es l’inépuisable errant du passé, presque mort ou juste oublié. Mais la différence entre les deux est minime semble-t-il.
Les entailles se forment quand je suis en colère.
Parfois c’est rien. Parfois c’est violent. C’est juste comme ça. On n’en parle jamais. Ils n’en parlent jamais. C’est mauvais. C’est peut-être pour ça que je suis renié. Manhattan. Nuit glaciale.
Peter Strugatsky – Heure du décès 04:16.
Il est mort, racontait-on.
Le noir total. Tétanisé d’abord par les cris, tes ongles finirent par se planter dans la peau pâle de tes genoux. Tu serras trop fort et le bout de tes doigts devint presque rouge. Pourquoi diable te fixait-elle avec cet air macabre ? T’étais juste un gosse après tout. Un gosse, le second, celui qui se heurtait aux meubles, faisait grincer les portes et énervait les voisins. Ses yeux étaient vides, elle pleurait curieusement en silence et peut-être que tu lui étais invisible, remarque tu ne devais pas être fait de chair. Tu étais surement fait d’une matière insolite, quelque chose qui disparait sans laisser de trace, illusion, tu n’étais jamais vraiment là, pire tu n’as jamais existé. L’homme, ton géniteur, était affalé sur un lit. Il se plaignait de la manière la plus étrange qui puisse être. & elle te fixait. Tu voulais mourir.
« - Peter est mort. » Elle fut froide & bien plus que d’habitude.
« - … »
« - Pourquoi ne dis-tu rien ? C’était ton frère. »Le soleil contre ta peau, souvenir amer. Tu revois la scène comme si c’était il y a quelques instants, oh, pour la première fois depuis longtemps elle souriait. & tu avais perdu toute notion du temps avant que cela ne se produise. Elle semblait heureuse ? Pourtant tu avais oublié la voix de ton père, parti. Ses joues rouges et ses yeux pétillants alors que tu pénétrais la cuisine, te donnèrent une furieuse envie de l’étrangler. Tu vivais, non pas avec une mère, mais avec une colocataire. & la dernière fois que tu lui adressas la parole, ce fut pour qu’elle répare la fenêtre cassée. Toi, mal réveillé, tu ne réagis qu’après coup à ses paroles.
« - Bonjour Peter. Bien dormi ? J’ai fait des pancakes. » Riait-elle.
« -…Huh ? »
« Tiens. Tu veux goûter ? Ils sont bons. »
« - Qu’est ce que tu racontes ? »
« - Peter, mon chéri, tu n’as pas faim ? »
« - Morgan maman, je suis Morgan. »
« - Haha tu es drôle ! J’ai aussi du miel ! Je sais que tu adores ça ! »Peter Strugatsky – Heure du décès 04:16.
Cette phrase résonnait dans ta tête chaque nuit. Cet amour malsain. Cet acharnement écœurant avait fini par te plaire. Elle te traitait si bien, il suffisait que tu lui dises qu’elle avait raison, tu étais Peter.
Je déteste le miel. C’est trop sucré, répugnant.
Tu t’abandonnas à ce jeu hypocrite toute ton existence. Peut-être était-elle tout bonnement malade ? Névrosée ? Ca t’importait peu, tu vivais maintenant sans avoir à subir le mépris quotidien que voulaient exprimer ses lèvres. T’étais juste un ado, une âme que personne n’a voulu creuser. Un être étrange, tu étais tout simplement pitoyable. & maintenant tu accumulais aussi les mensonges. A vrai dire, tu étais Peter, plus vraiment pour lui plaire mais pour te plaire. Tu sombrais, définitivement irrécupérable.
« - Pourquoi Stardust comme mot de passe ? »
« - C’est joli. Non ? »Maintenant que Peter te rongeais, tu voulais être lui, être « aimé ».
Ah, Peter. Ton frère. C’était le genre de type à aider les plus nécessiteux, c’était quelqu’un de bien à ce qu’il parait. Tu ne l’aimais pas trop – du tout. Il était en vie et tu étais l’ombre. Tu souhaitais en savoir plus, le connaître et te l’approprier parce qu’on se le dise à ce moment de ton existence tu n’avais plus le moindre fil d’identité propre.
Alors te fallait déjà toutes ses conversations, le hack, au début c’était juste un outil, au début au moins. Il fallait aussi un plan. Une fuite, parfaite.
Le noir. Comme la nuit où il est mort.
« - Morgan Strugatsky. Heure du décès 12:45. Arrêt cardiaque. Il faudra prévenir la femme dans la salle d’attente. C’est son fils. »
Combien de fois étais-tu mort ?
Peter lui, l’était. Il y a bien longtemps. Mais toi au lieu de réellement mourir tu t’inventas une fin qui te sortait de cet état inerte. Le souvenir est très loin maintenant, mais il reste vif au cœur de ta mémoire.
***
Londres. Quelques mois après tes dix huit ans.
Peter était derrière. Bien loin de tes pensées. Ca c’était aux usa, maintenant tu cherchais à oublier. Morgan.
Une course poursuite dans les ruelles sombres de la capitale. Tu t’étais fourré dans un pétrin bien plus lourd que tu n’aurais imaginé. Entre autre, ce petit jeu de hack t’avais monté à la tête, de l’argent, une nouvelle identité, Londres, tout était plus facile. Même pas besoin de bosser, il suffisait de se débrouiller pour avoir un pc et une connexion quelques secondes suffisent.
Mais là, t’avais un peu fait la bêtise de ton existence.
Tu t’étais attaqué à un cas sérieux. Un gang de crapules de Londres. Pour ne pas dire la mafia, pas la petite bande de wannabe yakuza du coin, ça non. On va dire que ces gars là, avaient des arguments et qu’ils ne tardaient pas à découvrir ton don et à user de ce dernier, tu te plaignais pas réellement à vrai dire, c’était un moyen comme un autre de faire sa vie. Même si on t’avais un peu forcé la main, tu étais habitué à eux. Une seconde famille huh ? Peut-être.
Des coups, le gout du sang entre les lèvres, la rage. Chaque jour tu te perfectionnas un peu plus, le hand-to-hand, c’était une technique vraiment utile pour se défendre et un peu la meilleure chose que t’as pu recevoir du groupe. Un cadeau amer de bienvenue.
Les filles, les armes, la drogue, qu'on se le dise t'avais eu ta part dans à peu près tous les domaines. C'était jamais stable, mais au moins tu profitais, et les quelques principes que tu venais d’acquérir étaient bien plus ancrés en toi que tout ce que avait essayé de t'apprendre cette femme. T’étais doué et c’était bien ça le problème. Peut-être bien trop heureux de vivre pour ce que tu es. Perfectionné jusqu’à la chair, c’est comme ça que tu acquis la seconde place dans le gang. Puis on cita Greystone. Et ta curiosité fut tout simplement de plus en plus grande, surtout quand le chef de gang te donna son accord après tout ça allait lui être bénéfique aussi, vu l'état hasardeux de ton pouvoir à cet instant.
& t’étais enfin en vie. Pour toi.