Ce regard, toujours le même. Pourquoi tout le monde me regarde toujours comme si j'étais un monstre ?

C'est à l'âge de 12 ans que la vie de Junya devint intéressante. Enfin, disons moins ennuyeuse, puisque c'est à cette période-là que l'enfant apprit la véritable nature de ce monde. Un monde sombre, rempli de haine, où chacun vit pour soi et seulement pour soi dans un petit univers faux et capitaliste rongé par l'avidité. C'est cette vision du mon de qui le dégoutta profondément de la race humaine et le conforta dans une nouvelle pensée de supériorité face à cette espèce primitive et privée de bon sens. Oui, c'est sa façon de voir les choses depuis ce jour où tout se déclencha.
Né dans une famille ni pauvre ni riche de Londres, Junya fut ainsi nommé suite à l'intérêt que portait sa mère pour un personnage fictif, cliché de l'être humain parfait, dont elle avait fait la connaissance dans un bouquin d'amour à l'eau de rose provenant du pays du Soleil levant. Peut-être s'était-elle enfoncée dans le crâne que si elle l'affublait d'un tel nom, il finirait comme ledit Junya. Elle aurait mieux fait de se plonger dans un bon vieux Thriller, ce jour-là. Au moins la source d'inspiration aurait collé avec la personnalité du garçon. Bon, il est vrai qu'a cette époque, il n'avait encore en rien dévoilé son caractère si déviant ni ses pensées marginales. Un mauvais tir, donc.


L'enfant a toujours démontré une ouverture d'esprit pure, couplée à une curiosité dévorante. Tout n'était que sujet à la découverte et à la discussion. Une discussion à sens unique, bien évidemment, puisque le chérubin enchaînait question sur question sans même prendre le temps de réfléchir à la réponse donnée. On pourrait d'ailleurs en venir à croire que ces interrogations n'en étaient pas et que l'enfant cherchait juste à entretenir son sens de la conversation.
Pacifiste, on pouvait lui marcher sur les pieds ou lui piquer son déjeuner sans aucune crainte de représailles. Inlassable. 
Eh oui, c'est de ce genre d'enfant que naît ce genre de criminel. Car Junya est un criminel. Lorsqu'il comprit l'influence et les innombrables possibilités qu'offraient ce don, tout ça lui monta à la tête. Comment pouvait vous vous sentir bien en vous quand tous les regards que vous croisaient sont remplis de terreur ou de mépris. Car là où les autres « mutants » n'ont vu que du mépris ou de l'indifférence, Junya pouvait lire dans chaque œil la peur qui naissait quand son regard croisait les leurs. N'est-ce pas dingue qu'une simple pupille puisse causer de si fortes réactions ? Le garçon ne comprenait pas et pour lui, ce qui se lisait était ce qu'ils ressentaient pour lui, chaque heure de chaque jour de sa vie. Comme s'il n'était plus que la représentation même de la peur.



Une société à les fous qu'elle engendre.


Un meurtre. Puis deux. Puis trois. Puis plein. Junya épiait, Junya enquêtait. S'il devait être cette chose terrifiante crainte de tous ces humains, alors il fallait faire les choses bien. Il commença par taper au hasard. Ceux qui ne lui inspiraient que du dégoût, ceux qui avaient fait naître en lui cette pulsion haineuse. Cela fut les premiers. Et il aurait continué longtemps. Indéfiniment s'il n'avait pas trouvé un semblant de réconfort en la personne d'Élen Brainstorn. Cette personne la comprenait, oui. Cette personne était pareille. Comme tous les membres de cette milice, d'ailleurs ! Repoussés par les humains, incompris par les autres évolués. Avec Arised, Jun se sentit immédiatement à sa place. Et les pouvoirs de la demoiselle lui simplifièrent bien la vie dans sa quête d'expiation ". Cette quête simple, aux allures de croisades, dont le but tout aussi simple est la soumission de la race humaine. Car le problème, ce sont les humains. Et si on résout le tout à la racine, alors il n'y aura plus jamais de problème.