« Quand j'étais petit, j'étais un Jedi »
L'enfance de Lysander était on ne peut plus banale : elle se résumait à jouer aux flics et aux voleurs, aux cowboys et aux indiens ou encore aux super héros façon x-men ou Batman. Il se fichait bien de savoir si DC c'était mieux que Marvel ou le contraire. Ce qui comptait c'était de jouer un gentil ! Avec un peu d'imagination, la cour de l'école devenait Londres tout entière ou même la célèbre New York. Un bâton devenait un sabre laser ou une mitraillette et surtout, quand un joueur était tué, il revenait très vite dans le jeu. Les superpouvoir qu'il s'inventait ne nuisait à personne... pour la simple et bonne raison que c'était de la fiction, du "pour de faux" et "on disait que". Enfant, il était très différent de l'homme qu'il était aujourd'hui, bien plus jovial et moins sérieux. D'ailleurs, il n'était pas très bosseur, il avait des bonnes notes car attentif en classe, mais alors une fois rentré à la maison, il préférait faire bien des choses plutôt que ses devoirs qui étaient souvent expédiés très vite. Et puis généralement, à la maison, il n'y avait personne derrière ses fesses pour le surveiller : ses parents travaillaient beaucoup et étaient assez peu présents. Enfin, ils n'étaient pas perpétuellement absent, mais disons que les moments où la famille était réunie étaient assez rares et puis Lysander était souvent gardé par sa grand-mère ou allait souvent chez camarade, du coup, il n'avait pas tellement l'impression d'être tout seul. Bon, au moins, il avait gagné en autonomie.

« Dans les cours des lycées, dans les fabriques à chômeurs »
Et puis, comme le veut la vie, Lysander a grandi. Il a troqué son imagination pour la logique, les bâtons restaient des bâtons et les sabres lasers n'existaient plus. À vrai dire, il était ce genre d'ado blasé, quinze ans 2001, quinze ans c'était pourtant bien comme âge. Mais pour lui, c'était plutôt l'âge du « on verra bien ». C'était la réponse qu'il donnait à presque toutes les questions et même à lui-même. « Qu'est-ce que tu veux faire plus tard ? » « On verra bien. » Un haussement d'épaule et un air détaché pour compléter le tableau. « Comment tu les sens les exams' ? » « On verra bien. » Il avait pris goût à l'assiduité : à défaut de rêver, la tangibilité des conneries écrites dans les livres de cours lui donnait de quoi occuper son esprit. « Et les amours ? » « On verra bien. » Il n'arrivait pas à s'intéresser aux filles. À vrai dire, quand ses potes s'excitaient pour une mini-jupe ou un décolleté plongeant, il se contentait de hausser un sourcil et de mettre ses écouteurs pour écouter sa musique. Les filles pensaient que c'était un mec bien, ses potes le traitaient de romantique... Mais ils avaient tous tort. Il était juste excité par des formes moins féminines... beaucoup moins. « Tu devrais arrêter la clope, le cancer touche un fumeur sur deux. » « On verra bien ». Il s'en fichait pas mal. S'il devait choper un cancer, ce serait vers quarante ans, non ? Tant mieux, il ne se voyait pas vivre trop longtemps. Bref, quinze ans, c'était l'âge des rêves brisés.

« J'suis qu'un rottweiler au milieux des pitts »
Lysander n'a jamais vraiment fait confiance aux mutants. Il les pensait dangereux. Sa dernière année de lycée a confirmé ça. Il y avait ce prof en qui il avait confiance. Il pensait que c'était un adulte plus cool que les autres. En fait, c'était un mutant et un pervers. Il ne parle pratiquement jamais de ça. Soit disant, c'était justifié parce qu'il était déjà attiré par les hommes, c'était de sa faute. Il y a longtemps cru et il a pris sur lui. Le lycée fini il y a eu... rien. Pas d'études. Pas de travail. Mais la drogue, le sexe. S'il n'y avait pas eu ce garçon, il serait sans doute tombé dans la prostitution. Mais lui, il lui a appris que ce n'était pas normal sa façon de vivre. Que ce qu'il s'était passé au lycée n'était pas de sa faute. Il lui a redonné le sourire, le gout de la vie. Mais il trempait dans des affaires louches. Forcement, ça s'est mal fini. Encore des mutants. D'ailleurs, Lysander n'a jamais su que ce garçon était lui-même un mutant et il ne le saura sans doute jamais. Et la police qui ne « pouvait » rien faire. Ça les arrangeait juste que ce soit un règlement de compte entre des gangs, pas la peine de chercher un coupable et de perdre du temps pour un trafiquant qui ne faisait que les gêner de toute façon.

« Tu peux faire ta prière, j'ai fini de jouer »
Puisqu'on ne peut compter que sur soit même, Lysander arrêta ses conneries comme il l'avait promis à ce garçon et entra à l'école de police. Il n'était pas assez optimiste ou rêveur pour s'imaginer qu'il changerait le monde, mais il était assez réaliste pour savoir qu'il est ridicule d'attendre bêtement que les choses évoluent d'elles-mêmes sans faire l'effort d'essayer. Ce qu'il voulait, c'était que les pourri aillent en taule, qu'ils soient prof ou dealers... Il voulait aussi faire comprendre aux gens comme les mutants sont dangereux, mais ça, c'était un sujet délicat. Enfin bref, une fois le concours passé, il passa ses deux ans comme agent de police avant de rejoindre le CID. Puis, il a demandé à être muté à Greystone, il faut bien des humains pour protéger les citoyens humains qui vivent parmi les monstres... C'est dangereux, mais le boulot d'un flic de protéger ceux qui ne peuvent pas se protéger par eux-mêmes.