Il faudra bien t'y faire à cette solitude,
Pauvre cœur insensé, tout prêt à se rouvrir,
Qui sait si mal aimer et sait si bien souffrir.
Il faudra bien t'y faire ; et sois sûr que l’étude,
La veille et le travail ne pourront te guérir.Je suis comme un enfant chétif qui cherche auprès de sa mère disparue, qui crie, et qui s'arrête effrayé de sa voix. J'ai de plus que l'enfant une mémoire amère ; dans son premier chagrin, lui, n'a pas d'autrefois.
Je soupire. Lassitude. Faiblesse & ennui Tous se mélangent, blanc comme noir, pour former un
méli-mélo indistinct de sentiments instables. Puis tous s'échappent sous la forme d'un soupir long et guttural.
Pas du tout féminin, je dois dire. Mais je m'en fiche, et histoire d'emmerder ceux qui me regarde de travers, je lève mes pieds sur la table basse et porte ma bière à ma bouche, et la boit cul-sec, comme un homme viril et fier l'aurait fait.
L'alcool tue lentement, dise-t-il. Mais on s'en fout, on n'est pas pressés. Alors je souris, je souris d'un sourire franc, euphorique, guilleret. Un sourire qui voulait tout dire, simplement ; je m'en fout de ce que vous pensez. Je suis une femme, certes. Mais je vis comme je l'entends.
Et si vous n'êtes pas d'accord, ma bouteille de bière, je vous la met entre les deux fesses – et je peux vous assurer que cela fait très très mal -.
J'aspire jusqu’à la moindre petite goutte du nectar amer, puis je pose sonorement ma bouteille sur la table, en lâchant un petit
aaaaah enjoué. Puis levant nonchalamment mon regard bleuté, je localise la jeune – et très sexy - serveuse qui s'approche, la démarche femelle et charmeuse. Je badine, passant un peu ma langue rose sur mes lèvres fines.
Là voilà. Elle se penche vers moi, un petit sourire craquant sur ses babines. Jolie vue sur son décolleté... Mais un peu plate à mon goût. Tss. Elle me tend le ticket de caisse, et je le prend, effleurant en même temps sa douce beau claire.
Et évidemment je sens tout. Dégoût, répulsion, embarras, et surtout honte. Dégoûtée de travailler dans un bar à putes, révulsée d'être touchée et matée sans arrêt, embarrassée car l'homme qu'elle aime la vu dans le bar et honteuse de le cacher à ses proches. Et surtout, de la tristesse. De la tristesse, car forcée de travailler ici pour payer ses études, de la tristesse de ne pas être libre.
La notion de liberté n'est pas une notion, c'est une nostalgie de la mémoire. La liberté se mérite, petite effrontée, mais à quel prix, souffle une voix au fond de ma tête. Quoique l'on fasse, il y a toujours un prix à payer. Pour le meilleur, ou comme le pire. Et personne n'y trouve à redire, même moi, je ferme ma gueule. Car, au fond, la liberté c'est quoi ? Pouvoir parler à qui je veux, quand je veux ? Pouvoir étudier dans une école avec des garçons, des gens n'ayant pas le même couleur que moi ? Me lever le matin, en sachant que je m'appelle Chypres Hana, que je suis blonde et bombe et que personne ne changera ça.
Sûrement. Incontestablement. En fait, je ne sais pas. Et je m'en balance, un peu, beaucoup, passionnément, à la folie.
Je me lève. Je tabasse un coup mes vêtements, laissant tomber les miettes de mon apéro englouti avant. Puis, fouillant dans les poches du mon short XXL laissant apparaître une bonne partie de mon string noir et de mon cul, je sors un billet de 50 et l'agite sous le nez de la serveuse. Et faisant un sourire coquin dont seule moi ai le secret, je le plie avec simplicité et le glisse entre le soutif ouvert de la serveuse.
Et je lui glisse quelques mots à l'oreille, avant de jeter des pièces dans la coupole destiné à recevoir la facture.
- Tu mérites mieux que ce bar. Casse toi d'ici, ou tu vas pourrir ta vie.Et je me casse, sans un regard pour l'arrière, mes mains pâles chacune dans une poche arrière de mon shorty.
Je marche. Je déambule. Sans but, et maillant un peu beaucoup mon popotin bombé. Le
clac clap stricte de mes talons sur le trottoir me rappelle la pluie. La pluie qui tombe sans se soucier de qui elle touchera, de quoi elle détruira. Et qui au final, paradoxalement, agonisera en pouvant articuler qu'un seul, unique et triste mot.
Clap clap. Je tourne mon regard azur vers une vitrine, et observe simplement mon reflet. Je porte un simple débardeur noir, très ouvert sur le coté, laissant simplement apparaître mon soutif d'une sublime couleur améthyste. Le tout complété par mon fameux short en jeans, des nombreux bracelets aux bras et une touffe de cheveux entassée pour former une espèce de bombe atomique au dessus de ma tête. Et des bottes. Fines, brunes, et fourrés avec du faux mais du chaud.
Je souris, mon reflet est élégant aujourd'hui. Je passe une main dans mes cheveux ébouriffés, quand soudain
boum.
Je me retourne et juge mon ''assaillant''. Oh surprise. Cette pétasse d'Addison. Coïncidence ? Non, je crois.
- Tu peux pas regarder où tu vas ? Demanda la blondasse après avoir lâché un juron.
Tout simplement, j'éclatais d'un rire sarcastique et jaune. C'est elle qui me foncé dedans, et après, elle vient encore m'accuser. Non mais je vous jure, cette pute, je me demande encore comment je me retiens de la cogner. Je ferme les yeux un instant, et calme ma propre colère. Ne pas s'emporter... Ne pas s'emporter...
- PUTAIN ! TU me rentres dedans et c'est MOI la fautive?! Tu veux que je t'en colle une sur ta petite gueule de blonde refaite ?Bon.. Le plan '' ne la s'emporter '', autant le dire, c’est raté. Et pour bien couronner le tout – lui faisant comprendre que je l'aime pas , sûrement un sentiment réciproque – je lui jette un regard noir, mais noir de noir, à faire pâlir le plus sombre des Enfers.
C'est une méchante, ta Paula. Je te l'ai dit, ce jour-là, au café. Je t'ai même dit c'est une salope, une vraie fouteuse de merde, une qui chie dans les ventilateurs et qui regarde l'effet que ça fait. C O D E © W H A T S E R N A M E .