Rapport n°51
- Alors, que vois-tu aujourd'hui Kaede ?

 Après cette question, elle observa rapidement le miroir de plein pied posé devant nous avant de détourner le regard vers les magazines posés sur la table basse, à gauche du miroir. Elle avait l'air calme, neutre, voir trop passif, blasé, pas d'une enfant de son âge, de 12 ans, qui devrait être plein de vie. Et d'une voix claire et douce, elle répondit :

- Vous, avec des yeux rouges et un sourire mauvais, vos lunettes ont des verres brisés et les branches ressemblent à des couteaux. Le lapin que vous tenez dans vos bras mange ses pattes jusqu'au sang. Je ris, je tire la langue et dis des bêtises. J'ai des grands yeux, des petits pieds et un long cou ... Non, ça change ... Toujours la même chose.

Elle me regarda avec un air suppliant.

- Est-se finit ? Je n'aime pas les miroirs...
- Ok. Remplis-moi juste ces quelques tests.

Comme d'habitude, elle ne répond pas aux médicaments ni traitements prescrits. Elle semble toujours atteinte d'hallucinations toujours vécues à travers des miroirs ou autres surfaces qui reflètent. Aucune amélioration. C'est un cas bien difficile. Elle a été suivie par 3 autres spécialistes précédemment, mais chacun d'eux ont abandonné. Il semble que je vais devoir suivre la même voie.
De toute manière, il n'y a pas beaucoup de répercussions sur sa vie sociale. Elle est juste taciturne, introvertie et solitaire. Mais elle reste polie et vivable. Son mental n'est pas affecté, elle pourra surement continuer à supporter ces hallucinations.
Ces dernières ne semblent pas issues d'un trauma évident. Sa mère avait constaté dès son plus jeune âge, c'est-à-dire 4 ans qu'elle avait peur des miroirs sans qu'il y eût d'accidents au préalable. Ce n'est surement pas du non plus au fait que sa mère s'est mise à la frapper dès ses 6 ans. Malgré le fait qu'elle ait toujours nié la volonté de le faire, qu'elle regrettait ses gestes. On remarque toujours étrangement le fait que plusieurs personnes ont agis complètement à l'encontre de ce qu'ils voulaient faire quand ils étaient autour de l'enfant. Sinon la mère divorça et laissa derrière elle sa fille unique. L'abandon semble l'avoir laissé indifférente.
Pour finir, ce n'est pas des "amis" imaginaires.

En conclusion : plus de traitements ni plus aucun suivis psychologique. Classifiée comme stable psychologiquement avec juste phobie des reflets.
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15 ans. Lycée avec 1 an d'avance. Journée ensoleillée.

- Hey Alice, attend, tu as oublié ça !

Elle mit sous le nez de Kaede un miroir. Cette dernière hoqueta de surprise et détourna rapidement le regard, embarrassée et apeurée. Elle ferma les yeux pour oublier son propre reflet défiguré. La dernière fois qu'elle était passée devant un miroir, elle avait vu son reflet, mais au masculin, ce qu'elle serait si elle n'était pas née fille. La fille qui avait fait cette farce riait à gorge déployée, la seconde, celle qui accompagnait la première, était une élève qui venait juste de transférer et venait d'être introduite à la célèbre "Alice", réputée pour sa peur de miroirs et ses hallucinations soit pour être folle d'après ses congénères.

- Tu as vu ça ! Comme un vampire ! C'est toujours excellent avec elle, ses réactions sont souvent différentes !
- O-Ouais, c'était bizarre.

Mais Kaede avait déjà tourné les talons et n'entendit pas le reste de la conversation. Elle se concentra pour oublier cet incident et ne rien laissé paraître tout en serrant la bandoulière de son sac. Elle se dirigea vers une salle où était entreposé un piano. Une fois assise en face de celui-ci, elle joua en joua encore pour se libérer, pour rêver, pour avoir un ami. Elle tente de chanter avec, mais seul un son faible sorti avant de s’éteindre. Elle sourit dans le vide, elle savait très bien qu'elle était affectée par ce tour de passe-passe de sa camarade même si elle avait cru pouvoir en échapper. Son cœur manqua un battement lorsqu'elle entendit des applaudissements. Ils venaient de la lycéenne qui venait juste de transférer, elle se nommait Louna. Elle sourit à Kaede tout en la félicitant. Sans en connaître la raison, Kaede lui sourit en retour. Un sentiment de bien-être l'enveloppait à ce moment là.
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17 ans et 4 mois. Fin du Lycée et vacance. Fin de soirée, 4h du matin.

Des cadavres de bières et autres bouteilles traînaient un peu partout dans la pièce. Située dans le sous sol, elle était seulement illuminée d'une simple et vieille ampoule juste assez lumineuse pour que l'on s'y repère et que l'on puisse éviter les obstacles. Deux filles vautrées dans un coin, riant  en ne sachant plus pourquoi. Des seringues traînants à leurs pieds. Les deux jeunes filles, Louna et Kaede vivaient en cet instant, un moment d'euphorie. Tout dansaient sous leurs yeux, tout allait bien dans le meilleur des mondes. Mais il y a eut le retour à l'envoyeur. Les dégâts des drôles de mélanges et l'envie de tout rendre vint enfin. Kaede se leva en tanguant et en peinant à se retenir jusqu'au toilettes. Elle y réussit et lorsque elle se lava le visage, elle croisa le regard de son autre facette. Elle osa soutenir le regard et accepté cette personnalité. Et cette nouvelle Kaede était encore pleine d'énergie car elle décida de continuer la soirée, faisant encore plus de folies extravagantes, volant dans un magasin, faisant peur à des piétons et d'autres choses. Elles finirent la soirée à 13h et furent retrouvées une heure plus tard par la police alors qu'elles étaient endormies dans recoin d'un parc.
Kaede retrouva son père dans la soirée, après s'être remise de ses émotions et repris sa véritable identité. Il était venu la chercher après avoir été prévenu par la police. Depuis ces trois dernières années, elle n'avait cessé d'observer son visage. Mais plus le temps passait, plus il était impassible, froid, distant. Il ne disait plus grand chose à sa fille et cela en devint réciproque. Sa présence aussi se faisait sentir par son absence. La maison dans laquelle Kaede vivait était grande, harmonieuse mais vide et affreusement sans vie depuis le départ de sa mère lorsqu'elle était encore enfant.
Elle rentra dans cette grande demeure sans qu'elle puisse faire grand chose. Une fois de retour, elle se préoccupa de ses cours, de son piano et de son chant sans se soucier de son père qui vagabondait dans les pièces et couloirs. Elle le laissait seul. Ils n'avaient jamais vraiment parler du départ de la mère ni de quoi que ce soit. Elle savait qu'un jour il y avait eut de l'amour, une famille dans ce lieu mais plus depuis fort longtemps hélas. Donc elle le laissait seul à se préoccuper de ses affaires sans se douter que ce serait la dernière fois qu'elle verrait son père.

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18 ans et 1 mois. Un jour triste mais lumineux, habillé de noir.

Louna était décédée d'un simple accident de voiture, un conducteur ivre qui n'avait que trop appuyé sur la pédale d'accélérateur. Morte sur le coup. Comment un coup de chance peut naître dans le malheur. Kaede s'était rendue à son enterrement en robe blanche et une rose bleue dans les cheveux. Elle avait choquée l'assemblée réunie pour rendre un dernier hommage à la brève existence de Louna puisque toutes les personnes ici présentes étaient habillées de noires, couleur du deuil. Cependant, cette façon de s'habillé avait été un souhait émit par Louna de son vivant. Elle n'aimait pas le noir sauf celui des cheveux de Kaede. Les deux adolescentes avaient parlé de tout et de rien, du sens de la vie et de la mort. Elles avaient vraiment été proche et c'est pour cette raison qu'elle était cette journée là, habillée de blanc.
Les larmes n'arrivaient pas à sortir durant la cérémonie, elles n'apparurent et coulèrent à flot seulement lorsqu'elle chanta une chanson en tant que discours d'adieu. Kaede réalisa seulement à cet instant qu'elle serait seule désormais, de nouveau. Son père, absent depuis longtemps et sans nouvelle de lui, et Louna, décédée, elle ne connaissait que ces deux personnes.
Toute sa vie, tous ses plans, ses désirs, elle les avait fondés autour de son amie et étaient maintenant réduits à néant. Le peu se sens à sa vie s'était évanouie dans la nature. Qu'allait-elle faire maintenant ? Rien. Elle n'allait rien faire. Elle abandonna à peu près tout ce qui lui restait. Elle vendit sa demeure, garda un strict minimum dans une valise et elle partit. Elle laissa derrière elle l'université et ses études de musique qu'elle avait impatiemment voulu y participer. Mais sans aucune place où retourner, elle n'avait que faire de tout cela. Kaede n'était pas douée pour faire des plans dans l'avenir, ni véritablement improviser. Elle se contente de vagabonder, errer sans objectif. De plus, elle n'avait jamais vraiment eu confiance en elle, pessimiste un instant ou réaliste. L'optimisme la touchait rarement, seulement en présence de cette amie disparue.
Donc elle laissa faire sa deuxième elle pour la guider sur un chemin inconnu. Elle ne se soucia plus de rien. Elle se laissa porter par le flot du hasard. Elle le fit jusqu'à qu'elle trouve un vieux bout de papier coincé en dessous d'une machine à café. Elle le récupéra et lut "Greystone" et la présentation de ce lieu.

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19 ans. Greystone. Dans la rue. Journée pluvieuse.

Un parapluie dans la main et un foulard autour du coup, Kaede marchait dans la rue, se faufilait entre les piétons, écoutait le son de la pluie. Elle pensait et ne faisait que se poser des questions sans réponses.
Ses pas l'avaient guidé en ce lieu, là où on regroupe les mutants. Louna et elles s'étaient déjà demandé si Kaede n'était pas elle aussi une mutante. Mais plus les semaines passaient, plus Kaede doutait si elle était vraiment une. N'était elle pas juste folle ? Même si elle semblait avoir maîtrisé son pouvoir, elle n'y croyait que peu. Il apparaissait souvent lorsqu'elle était émotionnellement instable, donc pour le peu contrôlé, beaucoup était encore
3 semaines qu'elle s'était installée ici. Rien de bien nouveau. Toujours aussi placide. Mais elle avait retrouvé le piano et le chant et d'autres choses à faire. Juste un peu plus de joie dans cette vie.